Le son du jour!

A écouter pendant la lecture de l'article (ou à écouter tout court, si vous avez la flemme de lire!)

        Ah ! L’Eurovision, ce Graal de la chanson, tant convoité par les multiples nations qui se livrent à une guerre sans merci à coups de clef de sol et autres rythmes endiablées. Du temps d’Papa (« tu sais fiston, de mon temps, y’en avait d'sacré »), les voix s’enchaînaient et on élisait la meilleure diva, celle qui renverrait Edith Piaf au tapis.

Oui, mais aujourd’hui, la donne a changé. Avec tous ses télés-crochet, les concours de chansons ne se limitent plus à un défilement de jeunots tout timides, avec un don du ciel, une voix telle les Sirènes qui charment les marins .. .

Ca ne fonctionne plus ainsi désormais. C’est par expérience que les organisateurs ont décidé de dépoussiérer une institution vieillotte. Chanter juste, avec une belle voix, ne suffit plus (le temps de Marie Myriam est révolue). Affirmer sa différence culturelle laisse indifférent (on se rappelle la prestation des Fatals Picards l’année passée et leur fatale avant dernière place !)

     Pour les organisateurs qui ont, cette année, élu eux même (fi du public !) un O.V.N.I de la scène française, le succès se jouera sur la mouvance électronique actuelle matinée d’un succès critique plus que populaire.

Sébastien Tellier, physiquement, c’est le portrait tout craché de Sébastien Chabal, un corps massif qui en impose, une carrure d’épaules à faire pâlir n’importe quel videur de boite, et un tissu capillaire aussi développé qu’au temps des hommes préhistoriques. Cette description qui a tout pour rassurer la jeune fille confrontée à l’énergumène un soir dans une impasse (hic!), doit être complétée par un détail de taille. En effet, le visage de cet individu est barré d’une grosse monture de lunettes aux verres grillagés, ce qui donne un résultat peu avenant. Pour l’anecdote, j’ai découvert ce look improbable et ce bonhomme dans la « Boîte à questions » du Grand Journal de Canal + , et j’avais cru avoir affaire au nouvel acteur porno dernière génération, car il ne parlait que de cul, de cul, de cul. Derrière tous ses a-priori, des explications s’imposent :

     Les lunettes de cet étrange personnage peuvent avertir le mélomane amateur de la filiation de Tellier avec les Daft Punk, ce groupe au physique tellement robotisé qu’on n’en voit jamais la prunelle de leurs yeux, ni tout le reste. C’est donc un hommage que Sébastien rend à Guy-Manuel de Homem-Christo, l’un des membres du groupe electro, pour avoir produit son dernier album, «Sexuality » . C’est là que s’explique l’obsession du monsieur envers le cul, le cul, le cul.

     Très peu de gens connaissent le garçon, moi le premier, même si j’avais lu quelques articles ici ou là. Dans quelques semaines, l’iconoclaste Tellier sera au devant de la scène pour défendre son titre « Divine » au concours de l’Eurovision 2008. Principales caractéristiques : un titre résolument electro, sans vraies paroles (inutile de cherche le sens métaphysique ou philosophique de ce texte pas écrit par Corneille, qui avait brillamment composé celle de l’avant dernière dudit concours en 2006, hum hum !) et surtout, peut-être la grande singularité cette année, qui fera dresser les cheveux au plafond à bon nombre de français, les quelques paroles sont en anglais ! Sacrilège !! Mais, il se murmure qu’une version french sera composé dans l’urgence !

     Pour conclure sur un avis personnel : j’ai écouté ce son toute la journée, et j’aime beaucoup car il surfe sur la vague electro du moment, mais je crains que Tellier ne se fasse pas que des amis. Notre « médiocrité culturelle de bobos branchés» va encore en prendre un coup ! C’est clair que je ne parierai pas un centime pour la victoire de « Divine » à l’Eurovision, d’autant plus que, si les sonorités répétitives sont plaisantes, la faiblesse de fin de chanson (à 2' dans la vidéo) avec un blanc terrible, une reprise très lente puis une reprise du refrain coupe fatalement le rythme de la chanson et risque d’exaspérer quelques membres du jury. Il faudrait retravailler le morceau! En tout cas, beau coup de projecteur sur cet artiste atypique.